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1er janvier 1915 : on fête Saint-Sylvestre malgré la guerre !

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1er janvier. Les offices ont été assez fréquentés. Comme les aubergistes étaient ouverts jusqu’à 1 heure de la nuit, il y a eu un peu de bruit. A la Cigogne on voulait continuer la soirée quand le militaire de faction est venu dire que si on ne fermait pas, il appellerait la garde et ferait sortir le monde manu militari. Alors tout s’est vidé. Honneur aux soldats. Ce matin le canon grondait en Alsace. On a entendu la canonnade toute la matinée. Une foule de gens sont montés sur les Côtes pour voir !

Danses. Le préfet a défendu les danses dans tout son district. Bravo !

Commentaire

Malgré la guerre, une partie de la population, notamment celle qui tire profit du conflit – on pense aux agriculteurs, aux employés des fabriques de munition, aux aubergistes, à certains commerçants – festoie souvent sans retenue comme ici lors du Nouvel-An 1914-1915. L’abbé Daucourt s’en indigne d’autant plus qu’il connaît la misère de bien des familles ouvrières. En outre, dans une ville où l’on entend tonner les artilleries allemande et française qui s’affrontent sur les frontières du Jura, ces festivités limitées à grand-peine par les pouvoirs publics soulèvent le cœur du vieil abbé. Au lendemain du réveillon, certains Delémontains n’ont pas honte d’escalader la montagne pour regarder, du côté des Rangiers, les combats qui se déroulent dans la proche Alsace. Les félicitations que Daucourt adresse au préfet qui, au vu des circonstances, interdit les danses dans tout le district renvoient à l’hostilité du clergé pour ce genre de divertissement réputé attentatoire à la morale chrétienne.


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