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7 décembre 1914 – Il n’y a plus de saison

Pluie douce, chaude. Il fait chaud, temps fort bon pour les pauvres gens privés de bois, mais très défavorable pour la terre qui est lavée par ces quantités d’eau, au lieu d’être gelée, puis couverte de neige. En 1913, 1ère neige sur le Raimeux. Froid. En 1912 il fait un beau soleil. Voilà plus de 20 ans qu’on ne connaît plus d’hiver dans notre pays. On a des mois de novembre, décembre chauds, à tel point que des fleurs s’épanouissent dans les jardins, mais alors on a des printemps froids, neigeux, tristes et des étés qui n’en sont pas ; pas d’hiver, pas de printemps, pas d’été. De la pluie froide, de la boue, des maladies, de mauvaises récoltes, etc. voilà le bilan de nos saisons depuis plus de 20 ans. On ne sait plus ce que c’est qu’un traîneau. Autrefois on voyait des neiges dep. 80 cent. à 1 mètre, des rues pleines de neige, de la glace, des arbres qui se fendaient par un froid de 20 à 22 degrés, comme en 70, année de la 1ère guerre. Aujourd’hui tout a changé. Nos étés sont si froids qu’on s’habille chaudement, qu’on ne voit plus d’ombrelles, qu’on chauffe parfois en juillet, comme cela a été le cas cette année. Il y a un bouleversement dans le ciel comme sur la terre.

Commentaire

Dans les couches populaires, « le temps qu’il fait » constitue un sujet inépuisable de discussions. Contrairement aux thèmes familiaux ou politiques, « le temps », beau ou mauvais, sale ou magnifique, est un thème qui permet de cimenter à bon compte la convivialité publique. Les complaintes sur « les saisons qui ne sont plus ce qu’elles étaient » ne datent pas d’aujourd’hui. A écouter le vieux Daucourt, qui a vécu « la 1ère guerre » – celle de 1870-1871, bien sûr – on constate que les lamentos actuels sur le « réchauffement climatique » reprennent presque mot pour mot les constatations de notre vieux chroniqueur en 1914…



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